Textes de Philippe
Le rêve
Enfant, les craquements du plancher du couloir qui menait à ma chambre m'inquiétait. Endormi, je rêvais d'un monstre sorti du plancher qui venait me manger le ventre. Dans mon rêve je percevais sa présence et son approche. C'est cette sensation de danger et de crainte qui me réveillait et me laissait ensuite éveillé, scrutant la porte, m'attendant à tout moment à ce qu'il entre.
Le haïku de rêve
Sommeil aux mille rêves
Sortie du monstre grimaçant
Plongeon dans l'abîme
Le rêve
Je suis dans un théâtre « à l’ancienne » : fauteuils de velours rouges, décoration baroque et (surtout) des loges disposées sur trois ou quatre niveaux. Ce théâtre est dans une semi pénombre, chaude. Je suis seul. Dans chaque loge il ya des instruments de musique par « famille ».Mais ces familles n’ont rien du classement attendu. Ce ne sont pas des cordes, des vents, etc Je vais dans une loge et je joue … je joue des instruments et, merveille, j’arrive à jouer sans problème de tous les instruments … et sans savoir comment.
Je passe d’une loge à l’autre.
Puis … à un moment je décide de « comprendre » comment je joue et là, rien ne va plus.
J’entends quelqu’un qui me dit : « Ne cherche pas à comprendre … joue ».
Les haïkus du rêve
Chaleur baroque
Mes doigts ivres dansent
Oublie ton passé
Théâtre italien
Ombres, pénombres, lumière
Le concert dans l’œuf
J’ai compris
Dans le jeu inutile
Ne comprends pas
Haïku sur la chanson de Nougaro " Schplaoutch !"
Le flot de la vie
Qu’importe si je me noie
Enfin je renais
Etendue de la mer
Immense
La lumière éclate
Haïku sur le poème de Rimbaud "Aube"
Sur une page noire
Un flot multicolore
Sur une page blanche
Elle s’offre
Une vague nous submerge
Il est midi
Textes de Corinne B.
J’apporte le courrier à des gens qui ont une dizaine d’adresses différentes comme plusieurs numéros dans la même rue. Ce sont des commerçants. Au cours de la visite qu’ils me proposent, de leurs habitations ; ils réveillent un cochon de lait qui dort dans un lit moelleux et sous une couette duveteuse, se le passe de bras en bras en disant : « il est si mignon ». Puis on me propose : « le voulez-vous dans les bras ? ». Je refuse alors nous allons voir les repas bios préparés dans des assiettes de terre cuisants dans un four ouvert. Toutes les légumes que je n’aime pas semblent prêts à régaler toutes les autres personnes. Eric, un neveu, qui n’est plus jeune, a un œil qui tremble et me dit : « l’important c’est la métaphysique ».
Haïku du rêve
L’œil bio cuit au four !
Cochon de lait fait trembler
La métaphysique
Haïkus sur la chanson de Nougaro " Schplaoutch !"
Plongé en sortant
Dans la vie de ma mère
Tasse d’eau, bol d’air
Haïkus sur le poème de Rimbaud "Aube"
Regard de pierre
Sentiers d’éclats de rire
Corps au bas du bois
Fleur, coq, et cime
Haleines vives, eau morte
Aux éclats d’Aube
Textes de Corinne P.
Le rêve
Je suis avec ma cousine Claudie, et nous nous promenons dans Rouède, petit village du piémont pyrénéen. Nous arpentons plus précisément le hameau d'Aux Blancs où, petites, nous rendions souvent visite à notre grand oncle décédé depuis longtemps.
Sa maison est là, toujours debout, inhabitée. On décide d'y entrer, intriguées par le capharnaüm qui y règne. De vieux objets encombrent le sol, des meubles branlants, recouverts de poussière, semblent d'un autre âge.
Alors que nous progressons à travers ces vieux débris, un rai de lumière nous attire à travers le chambranle d'une porte entrouverte. Sans doute alarmé par le bruit de nos pas, un chien se met à aboyer. Terrorisées, nous tentons de fuir, mais la bête agacée par notre présence, se met à nous poursuivre, bientôt suivie par un homme menaçant qui se met à nos trousses.
Nous parvenons à atteindre la maison de Claudie où nous espérons nous enfermer. Trop tard: l'homme y pénètre à son tour. La peur au ventre, je réussis à me saisir d'un couteau de cuisine et, tandis que l'homme se glisse à son tour dans la pièce où nous avons trouvé refuge, je lui plante le couteau dans le flanc. Il est là gisant dans son sang, le manche du couteau émergeant d'une tache rouge qui progressivement se dessine sur son tee-shirt maculé.
Sans réfléchir Claudie et moi nous saisissons d'une vielle toile cirée dans laquelle nous enveloppons le corps de notre victime.
Réveil....
Rq: quelques jours auparavant, je m'étais rendue à Rouède et la veille de ce rêve, j'ai vu « le passager de la pluie » à la télévision, film de René Clément avec Marlène Jobert et Charles Bronson. Elle réussissait à tuer l'homme qui l'avait agressée dans la maison où elle se trouvait seule puis elle se débarrassait du corps après l'avoir enveloppé dans une couverture.
Haïku du rêve
Maison fantôme, corps fuyant
un chien aboie
l'homme meurt assassiné
Haïkus sur la chanson de Nougaro " Schplaoutch !"
Plongeon dans la vie
bu la tasse trop amère
Requins, je vous fuis
Haïku sur le poème de Rimbaud "Aube"
Des sentiers s'éclairent
ombres fuyantes et blêmes
le sommeil me prend
Haïku à partir du rêve de Corinne B
Cochon de lait à vendre
légumes à dégueuler
Métaphysique où es-tu ?
Haïku à partir du rêve de Renaud
Lac d'apparence calme
falaises murales
Les enfants sont sauvés
Haïku à partir du rêve d'Olga
Gare muée en hôpital
marée humaine rouge sang
attentat, vide, passé
Haïku à partir du rêve de Bérangère
Café vite avalé
gym aquatique
Dieu qu'il est beau le maillot
Haïku à partir du rêve de Christian
Théâtre façon Scala
musique, cacophonie
l'artiste se révèle
Haïku à partir du rêve de Philippe
Craquement de parquet
chambre au fond du couloir
ventre dévoré
Haïku à partir du rêve de Richard
Ventre grassouillet
mains baladeuses
plaisir assumé
Textes de Ginette
1er rêve – fin juin 2010
Mes pieds étaient englués. Je ne savais trop où me situer. Cette boue m’enlisait. Tout-à-coup le réveil ! une planche en bois me présentait une grosse pieuvre, gluante, ornée de tentacules énormes, les ventouses accrochées à la planche.
Mon corps grondait, je sentais des vibrations. J’avais faim et une envie de déguster une salade de poulpes.
Haïku du rêve
Enlisée, comment me situer ?
Grosse pieuvre gluante
Me nouait les entrailles.
2ème rêve – 2 juillet 2010
C’était obscur, l’air de la montagne m’enivrait et transformée en pâquerette, promenant un panier en osier sous mon bras, je transportais des fromages, des bijoux que l’on voulait me voler, tout cela recouvert de paille pour camoufler le tout.
Arrivée sur les lieux, je traversais une drôle d’écurie pour rescaper mes objets.
Les pieds dans le purin, je protégeais mon panier. La paille du sol s’entrelaçait tout au long de mes jambes et m’empêchait d’avancer. Je m’enlisais.
C’était une très très longue halle avec des piliers sur des milliers de kilomètres, un toit me protégeait.
Au fin fond, je me réveillais….
Haïku du rêve
Pâquerette se promenant
Serrant dans ses bras le restant
Rien n’échappe
De son fort demeurant.
3ème rêve – Août 2010
Jacques était parti depuis plusieurs années déjà... Tantôt j’avais de ses nouvelles par le biais d’amis intimes. Tantôt de longs silences s’installaient entre nous. Sans jamais pouvoir le rencontrer, cet homme m’habitait.
Puis après un temps très intense dans les ténèbres, Jacques venait, repartait, revenait, fuyait, s’approchait, m’inspirait.
Il y avait longtemps que je n’avais pas été aussi proche de Lui.
Haïku du rêve
L’Etre Principal
Etait en Elle,
Lui fuyant
Elle restant.
Textes d'Olga
Rêve du 8 août (dimanche)
Je rêve d’une catastrophe. Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé… Je suis dans une gare. Les trains… Je vois plein de monde. La gare est transformée dans un « hôpital ». Les gens assis, allongés… Par terre… Sang… Du sang partout… Je vois quelques hommes du personnel, ils sont en blanc… Ils sont penchés sur les blessés… Je marche, je me déplace doucement et je regarde autour de moi… Je suis surprise de ne pas avoir peur… De voir… Ce que je vois ? De quoi j’ai peur ? Toujours j’avais peur de voir les blessures de la chair… La souffrance liée au corps… Je ne supportais pas de voir du sang, plus qu’une goutte… La, ce que je vois vraiment…
Les visages… Les visages parfois vides… Que je crois vides… Je vois d’autres remplis de peurs… Et encore d’autres qui sont inondés de …
Plus je me réveille et plus le rêve disparait, il m’échappe, j’ai du mal à m’accrocher à lui, à noter ce qui était, car ce n’est qu’un rêve, rien de réel ?
Indifférence… Silence… Désespoir… Lassitude… Tristesse… Peine… Découragement… Fatigue… Epuisement… Léthargie… Apathie… Dépression… Détresse… Misère…
Les visages blancs… Vidés de sang… Immobiles… Figés…
Les yeux fixés… Sur quoi ? Le vide ? Le passé ? Les souvenirs ?
Les corps arrêtés… Immobilisés dans la douleur ? Paralysés sans issus ? Retenus par une blessure ? Stoppés dans la joie de vivre ? Cessés poursuivre le chemin ? Suspendus dans le temps ? Livrés à la chance ? Relâchés à l’inconnu ? Attachés à l’espoir de vivre ? Ancrés dans une certitude que la vie ne sera plus jamais la même ?
Est-ce un destin définitif ?
Est-ce un futur qui varie ?
Haïkus du rêve
Les visages blancs
Les yeux fixés sur le vide
Le chemin d’espoir
Blessure de la chair
Une goute vide inondées de peur
Le futur varie
Les gens par terre du sang
Les hommes habillés en blanc
Le destin fixé
Rêve du 10 septembre 2010
Après mon atelier d’écriture sur les rêves, je rêve. Je rêve d’être quelqu’un ou quelque chose… J’ai du mal à ma sentir, ma présence, mon identité. Je suis capturée et je n’ai plus droit à la liberté. Je dois obéir et obéir. Et après… mon existence se dégrade. Je me sens de plus en plus triste et je me sens faiblir jour par jour. Je n’ai plus du goût à la vie.
J’écris ce rêve et j’ai les narines qui pique, je sens mes larmes toutes proche, je n’ai pas trop envie de les laisser venir, à quoi bon… Pourtant je n’ai pas l’impression que ce rêve peut refléter une réalité… La mienne !? Non…
Il arrive un moment ou je constate qu’il y a un autre quelqu’un avec moi. Il est aussi en « prison ». Il est aussi abattu et sans espoir. Nous nous retrouvons face à face, mais je ne le ressens presque pas. Sa présence est déjà tellement faible.
La source, la chose qui nous tient, s’approche de nous et encore une étape nous attend. Ce quelque chose nous crève les yeux avec un objet métallique, froid et très aigu. La lumière éclate pour disparaitre définitivement. Je perds ma vu. Je ressens une terreur invivable. Je ressens de la souffrance. Je me laisse mourir…
Je me réveille et je me sens « morte ». Je me sens triste et fatiguée, je ne vois pas le sens de cette journée et tout ce que mon regard croise est fade, étrange… Sans sens.
La réalité m’échappe et je bouge comme un zombi. Une machine programmée. Je la vie sans y être.
J’oubli les rêves d’habitude avant de me lever. Il est déjà midi et celui-là est encore dans ma tête, il est plein de couleurs, ressentis et souvenirs...
Haïkus du rêve
Etre là avec toi
Engagement me pèse
Je suis aveuglée
Espoir abattu
La lumière définitive
La vie disparait
Textes de Gaëla
Rêve du 30 juin 2010
J'ai rendez-vous avec C.. Je le retrouve à l'étage d'une sorte de vaste complexe multicolore, aménagé en partie pour les enfants (avec des toboggans, des balançoires, des jeux gonflables avec des ballons...) - mais il est vide. Je dois visiter un château, auquel on accède soit par un escalier, infiniment long, soit par une sorte de téléphérique. Avec C., nous jouons au chat et à la souris ; je le perds, je le retrouve, pour finalement ne plus le voir. Sentiment de détresse, et peur de l'abandon. Je redescends ; là, avec mon plus jeune frère K., je rencontre V., son ami, qui, avant de rentrer à la maison, voudrait visiter le château tout en haut. Bien que lasse, j'accepte, et décide d'emprunter plutôt l'escalier, pour avoir, peut-être, la chance de retrouver C.
Haïku du rêve
Dédale coloré
Voile ton corps tu t'absentes
Pour l'éternité
Haïku à partir du poème de Rimbaud, Aube :
Nulle clameur ne sourd
Quand mon pas réveille la fleur
C'est le dénuement
Le rêve
Je suis en promenade sur un lac avec famille et amis. Je dirige moi-même un petit bateau à fond plat à moteur. Je suis heureux, décontracté, concentré à ce que tout se passe bien. Chaque enfant en bas âge a son gilet de sauvetage ; ça discute, ça rigole entre petits et grands. Je fais bien attention à ce que notre barque soit bien stable et de ne pas naviguer trop près des deux autres. Les parents, dont je fais partie, savourent ces moments de plénitude. Nous accostons sur une petite plage pour certainement pique-niquer. Nous descendons des bateaux puis faisons du va et viens pour tout installer à quelques mètres de l'eau toujours aussi calme. Avec quelques autres je me retrouve dos au lac et nous regardons la prairie grasse et verte qui s'étale devant nous, lieu idéal pour déjeuner, quand une crainte subite me fait me retourner brusquement. Devant moi coule une rivière à fort courant, qui a remplacé, je ne sais comment, le lac paisible que nous venons juste de traverser si joyeusement. L'aîné de mes deux fils, âgé de vingt ans, nage très vigoureusement à contre courant, progressant ainsi difficilement. Très bizarre qu'il ait eu le temps de se mettre à l'eau en aussi peu de temps. Heureusement que tous les petits sont sur la berge, mais figés et muets. Nous, les adultes, allons devoir gérer une situation difficile. Crainte et excitation se mélangent en moi. Vite : s'assurer que mon fils sorte sans encombres de l'eau car le courant semble de plus en plus fort, c'est fait, puis éloigner tout le monde du bord de cette inexplicable rivière pour aller dans la prairie et aviser tranquillement de ce qu'il faut faire et essayer de comprendre ce qui se passe. Je me retourne de nouveau et une angoisse sourde supplante la crainte diffuse que l'apparition de la rivière avait fait naître en moi : un haut cirque de falaises calcaires a remplacé la prairie si attrayante. Je sais que l'eau de la rivière va monter de plus en plus rapidement, aussi inexplicablement que le cirque va se déplacer inexorablement vers nous. Vite, tout le monde est regroupé et nous laissons nos affaires, suffisamment éloignées de l'eau pour les récupérer dès que nous aurons trouvé le chemin qui permettra de gravir ces falaises qui semblent de plus en plus hautes. Je comprends que cette recherche sera vaine. Un grondement sourd, trop profond pour être animal, trop étrange pour provenir d'un orage, se fait entendre, au loin, dans le ciel sans nuages, qui vire au blanc. Plus aucun bruit ne se fait entendre. Je sais que l'eau monte de plus en plus rapidement et que le courant est de plus en plus plus fort. Je ne peux plus bouger. L'angoisse sourde est maintenant transformée en terreur profonde : je me réveille.
Haïku du rêve
Les amis joyeux
La rivière trop forte
L'espoir disparaît
Textes de Bérengère
Haïku à partir de la chanson Schplaouch ! de Claude Nougaro :
Imprudent nageur-
Je bascule, plonge, danse
Dans l’onde de ton amour.
Ride ou sourire
Une venue impromptue-
Appel d’air amer.
Poisson hors de l’eau
La vie nous tend une rame-
Sale œil ou joie.
Estomac en vrac
Brasse coulée, bulle d’air-
Victime de la vie.
Haïku à partir du poème Aube de Rimbaud
Premiers éclats de vie
L’aube dévoile ses charmes-
Envie de miction.
La nuit s’éclaircit
L’aube dépose son voile-
Draps froissés.
Voile fugace
L’aube esquisse un sourire-
Pas chassé par les matines.
Au front des palais endormis
J’ai embrassé l’aube
Au coq l’ai dénoncé
Rêve :
Retour de vacances. Je conduis une petite Twingo sur l’autoroute ensoleillée. Celle – ci est très chargée : bagages à profusion, 1 mari, 2 enfants adolescents, 3 chats et un chien énorme genre basset allongé sur mes genoux.
Nous avons une discussion sur le coût de nos vacances et je suis fière d’avoir fait des économies : 150 euros pour un mois. Mon mari est sceptique. Arrêt au péage, des gendarmes s’approchent de nous et me demandent mon permis de conduire et les papiers du véhicule. Mon mari commence à énumérer tous les achats que j’ai effectués. Je lui confirme que je me suis encore trompée dans les comptes mais de peu. Will part en éclats de rire, je le prends mal car ma susceptibilité s’en mêle et je ne veux pas en démordre : je minimise les achats effectués et finis par lui dire en riant « De quoi je me mêle ! ».
Les gendarmes veulent me rendre mes documents et je leur répond « Un moment, je fais les comptes !!!! ».
« Ok » répond l’un d’entre eux et ils n’insistent pas, se moquent de moi en rigolant. Ils nous laissent repartir car le montant exposé par mon mari les amène à me prendre pour une cigale…..
Haïkus du rêve
Retour vacances
Explosion de souvenirs-
Budget cramé.
Fin du voyage
Périple désordonné
Retour au calme.
Famille survoltée
Véhicule en surchauffe-
Chien extatique.
Auto en surchauffe
Ménagerie au complet-
Bonjour la Rentrée.
Sacs mal empilés
Surmenage à l’horizon
Eté oublié.
Achats compulsifs
Images ensoleillées-
Plus rien à manger.