Thème : Le Parti pris des choses
(voir la présentation)
Texte de Richard
Le sucre
Déchirer le sachet de papier blanc qui te corsète - sachet que d’aucuns nomment parfois stick, bûchette ou dosette , renfermant de 4 à 5 grammes de matière - délivre une ligne de poudre blanche, dont les cristaux, innombrables et brillants, évoquent une poudre d’un tout autre usage que le tien qui est de tempérer l’amertume de froides limonades et de boissons chaudes comme le noir moka yéménite, le thé of Marocco, le cacao from Mexico, et travestir les fruits en gluantes confitures ou, toi-même, par cuisson, te tranformer en filé, boulé petit ou gros, caramel blond ou brun, en bonbons, berlingots, pralines, sucettes, marshmallows, barbe à papa, fraise tagada et autres friandises qui font mal aux dents. Ô douceur du sucre raffiné qu’une alchimie extrait de l’immonde betterave cultivée en de champêtres platitudes sous des brouillards glaçants. Qui voudrait vivre dans un monde sans toi, privé du plaisir que tu offres aux papilles et confères aux palais ? Personne ! Car, non seulement ta saveur fait le sel de la vie, mais aussi nous es tu indispensable pour notre énergie. Ô glucose, fructose, saccharose délivrant dans nos muscles le venin du tonus. Et pourtant es tu objet d’interdit. Et tes excès, souvent, conduisent aux régimes, aux privations, et, toi qui appartient à la grande famille des oses, aux addictions et aux létales overdoses.
Texte de Corine
La branche
Il me faut du recul alors j’avance…ramasser cette branche. Ce bois noueux, « vieille branche », bannie à tout jamais de branchitude, jusque là esthétique et génératrice, elle se retrouve à terre dédaignée de tous. Tas de bois, peuplier tu fus et tu ne seras ni flèche, ni fuseau, au mieux pâte à bois. L’homme scie la branche de sa propre essence. Ce peuplier était-il un tremble aux yeux et bourgeons de vertus diurétiques, antiseptiques, toniques et astringentes ; et au charbon de bois soulageant l’aérophagie et les fermentations intestinales. Le sais-tu, toi qui l’as abattu ? Le peuplier fut souvent planté à la place du chêne comme arbre de la liberté, grande valeur de notre république.